Honorine Munyole, Colonelle à Kisangani en République Démocratique du Congo, tente de compenser les violences sanguinaires faites aux femmes, qu!elles soient bébés, petites filles, adolescentes ou adultes, ces femmes « périmées » parce que violées et ayant tout perdu au cours de la Guerre des 6 jours en juin 2000. La Colonelle Honorine, c'est une carrure, un regard, une persévérance inébranlable qui s'oppose avec des moyens faméliques à des crimes sordides.
Deux scènes sont particulièrement impressionnantes et illustrent cette situation complexe et inimaginable. D'abord, le personnage de la prophétesse, femme indéchiffrable, qui enchaîne les enfants, les bat cruellement et les affame; les petites sont dites « sorcières », accusées d’être responsables de tous les malheurs. Comment ne pas penser alors que l'esprit humain, dans une situation extrême, peut développer des explications totalement irrationnelles et perdre toute mesure ?
Et cette autre scène, le « débarquement » des mutilés de la guerre, qui viennent réclamer leur dû, et veulent empêcher l'aide apportée aux fillettes : ils s'estiment davantage lésés, c!est un défilé de misères et de désespoirs.
L'opposition d'Honorine n'est pas dérisoire : elle montre avec force l'impact, même fragile, des actions de chacun en face de l'absurde.
Et d'autres personnes y concourent : Dieudonné Hamadi, le cinéaste qui a su filmer ces situations avec justesse, sobriété et une juste empathie.
C’est également avec une douce opiniâtreté que soeur Danièle, art thérapeute à la Maison Katimel, expliquent les efforts, paraissant de prime abord décalés, mais qui parvient, après de longs silences, à faire sortir la douleur des enfants abandonnées.
Et, plus discret mais indispensable, le travail de l'association Katimel à Tours, qui réunit des fonds pour construire et faire vivre la maison des petites filles, la maison Katimel au Congo Kinshasa.
Oui, la misère rend fou, mais il est indispensable de résister.